26‏/07‏/2008

La Jupe qui Gouverne la Tunisie -2


Kacem est un homme de 70 ans, grand, brun et moustachu, il était entrain de faire sortir le troupeau de sa maison. Les moutons sont maigres, sales et affaiblis par la maladie. La femme de Kacem est petite, maigre et moche, Ses jambes arquées en forme de O la rendaient encore plus petite, elle bougeait avec rapidité étonnante pour aider son mari à rassembler les chèvres et les moutons. Kacem était agressif, il parlait fort et quelques fois tout seul.

Kacem : Merde, merde, mais qu’est ce que tu fais, à gauche
Sa femme : Mais, ils ne veulent pas sortir
Kacem : Pffff, toi, tu ne sais rien faire. S’adressa-t-il à sa femme avec exaspération
Sa femme : Ouuuuuuuufffff, Ouuuuuuuffffff
Kacem : J’ai tout détesté, toi et la maison, les chèvres, les rêves de ta fille, les enfants, le village et la montagne, la terre et le soleil, je suis brûlé, cette vie me rend malade, pas de pluie, mais quand est-ce qu’il va enfin pleuvoir ? quand aurai-je enfin le droit me reposer ? je suis fatigué de chercher de nouveaux pâturages, il n’y a plus de places, je n’attends plus rien de cette vie, rien que la délivrance .

Kacem s’éloignait peu à peu avec son troupeau, il hurlait encore et encore, il s’adressait au ciel, il priait pour que cesse sa misère. Sa femme de loin le suivait du regard. Ce fut la première fois qu’il montrait un signe de lassitude et de fatigue, lui, le dur du quartier.

Kacem : Mon Dieu faites qu’il pleuve un peu ! Pourquoi nous ?

Kacem avançait derrière son troupeau, et tout d’un coup il éclata de rire, un rire si fort que son écho fut renvoyé sept fois par les falaises. On aurait dit un fou.

Kacem : Ahhhhhhhhhhhhh, Ahhhhh Ahhhhhh, Ahhhhhhhh AhhhhhhHH

Le troupeau, composé de chèvres et moutons bougeaient lentement entre les herbes brûlées, rien à manger, le troupeau est malade, Une chèvre tombe, la deuxième aussi, elles sont mortes. Kacem se réveilla de sa détresse et se déplaça entre les animaux, il arracha son couteau, pour les égorger. Le sang ne coula point, la chèvre mourut de faim. Kacem s’assit à côté des cadavres, se tenant la tête entre ses mains, il n’a plus la force de crier, ni de rire, ni de pleurer. Le couteau resta entre ses dents, le regard figé et la respiration presque bloquée. Kacem vit le déferlement de sa triste vie en quelques secondes, il était lui aussi agonisant.

( Triste musique).

En plein hiver le soleil était tellement brûlant que Kacem décida de rentrer avec le reste du troupeau à la maison, il n’eut rien d’autre à faire que de garder le troupeau à l’ombre. Lui aussi fut accablé par la chaleur inhabituelle de cette journée. Il garda Le couteau entre ses dents pour s’empêcher de hurler, quand il n’y a pas de pluie, le paysage est moche et la tristesse aidée par la sécheresse des lieux fait surface et prend toute la place d’une campagne jadis envahit par la verdure. Kacem croit uniquement aux nuages. Il marcha doucement dans le silence, les yeux fixés au ciel bleu, les nuages lointains passaient rapidement comme si les intempéries évitaient cyniquement ses terres assoiffées.

Totalement affaibli, le troupeau entra dans l’enclot sans avoir rien mis dans le ventre, même pas l’eau. Kacem s’assit accroupie en plein soleil devant sa maison. Sa fille Halima sortit comme un ange devant lui pour lui donner un verre d’eau. Il la prit dans ses bras et la serra très fort tout en la protégeant du soleil. Halima pleurait la tristesse de son père et lui demanda de le pardonner pour son rêve d’hier. Kacem ne dit mot mais il lâcha un long soupir d’exaspération en lui disant : ne t’inquiète pas Hallouma! Rêves comme tu veux! Je crois qu’un jour tous ces champs là seront vert et fertiles comme dans tes rêves. Halima prit la main de son père et le fit entrer à la maison. Comme d’habitude Kacem s’allongea sur son lit, alors que Halima ouvrait son cartable pour préparer ses leçons. Kacem se retourna vers sa fille et lui demanda doucement : Hallouma, dis-moi la suite de ton rêve. Halima ferma ces livres et dit : Père, j’ai vu le président essayer son quatrième pantalon dans le salon du palais de Carthage, a cet instant-là sa petite fille entra, alors il abandonna l’essaie et le passa à sa fille en lui demandant de placer son pantalon dans sa chambre, et qu’ils le porterait la nuit tombée. Père je n’ai jamais vu un aussi beau pantalon, j’ai vu qu’il était en soie pur, il était tellement beau et doux à porter. Après cette scène j’ai perdu de vue le président entre les arbres du jardin du palais, je n’ai vu que son dos, il marchait sans parler, comme s’il était triste.

Kacem écouta sa fille attentivement, les yeux ouverts, le dos courbé juste en face de hallouma. Il lui demanda : mais le pantalon est de quelle couleur ? Halima : papa le pantalon est de couleur mauve foncé. Kacem se mit débout et sortit aussitôt vers le hall de la maison, il frotta son menton avec ses gros doigts, il réfléchit un moment, voulant ainsi trouver une explication au rêve de sa fille. Kacem a toujours trouvé des solutions, mais cette fois-ci, il n’arrivait pas à comprendre le sens à donner aux pantalons du président.

Kacem décida d’aller voir un marabout chevronné et connu pour l’interprEtation des rêves. Il prit quelques mèches de cheveux de sa fille Halima, l’embrassa et lui demanda de dire à sa mère qu’il quittait la ville pour quelques jours.

Kacem se dirigea vers la ville de Jandouba. Son ami le marabout Jifa habitait les montagnes, il était toujours seul, ce monsieur interprète les rêves et fait le médecin des femmes veuves, à vrai dire son médicament préféré est la BOUKHA, le wiskhy Tunisien, avec ce médicament naturel il faisait endormir ces patientes totalement nues dans sa chambre parfumée en Hanbar. Les femmes aimaient aller chez Jifa pour d’autres raisons, elles aimamient faire l’amour avec ce monstre sous pértextant être malades. Dans un milieu aussi hostile au plaisir, il fallait en trouver une raison et une bonne. En passant par la ville de Jandouba, il acheta trois bouteilles de BOUKHA et se dirigea vers la montagne. Kacem connaissait très bien le chemin pour aller chez son ami Jifa. Chaque fois qu’il avance vers le sommet de la montagne, l’odeur des parfums s’intensifiait. Sur le chemin du marabout, Kacem rencontra deux femmes, l’une d’elle ne dépassait pas la quarantaine:
kacem kacem

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