Par mohamed abbou
Traîtres, vendus à l'étranger, agents des étrangers. Ce sont les qualités des Tunisiens qui dénoncent les abus dans leur pays, qui osent parler des atrocités et du mauvais fonctionnement des institutions voire de leur absence parfois et qui démystifient l'image de leur pays. Un pays où l'on meurt pas de faim- reste à vérifier-, où il n'y pas de guerre civile, où les bombes humaines n'explosent pas encore, où l'essentiel est acquis d'après Monsieur Jacques Chirac (Tunis 5décembre 2003).Selon les patriotes de dernière heure qui défendent farouchement le régime en place, tous les droits de l'homme sont garantis en Tunisie y compris le droit à l'information qui, il faut l'avouer, est exclusivement garanti pour eux afin de discréditer les opposants, les diffamer et de flatter la sage politique du changement qui traîne depuis plus de 20ans.La tactique est simple il faut nier, mentir et continuer à mentir il y'aura certainement quelqu'un qui croira.Parmi les mots d'ordre : la compagne anti "Tunisie" est l'œuvre de certains opposants en faillite. Il n'y à pas de torture, pas de corruption pas d'oppression tout le monde a le droit de s'exprimer à condition bien évidemment de respecter les mœurs, la vie privée et les "constantes" du pays! A la question de la mort de certains Tunisiens sous la torture ou du mauvais traitement, la réponse est qu'on peut mourir dans les locaux du ministère de l'intérieur ou dans les prisons autant que l'on peut mourir chez soi. Les journaux ne sont jamais saisis dans la Tunisie du 7 novembre.
Aucun journaliste n'a été incarcéré pour ce qu'il a écrit. Slim Boukhdir est en prison parce qu'il a atteint aux bonnes mœurs, et a outragé à des fonctionnaires. Moi même j'ai été incarcère' parce que j'ai agressé ma consœur lui causant une invalidité de 10%- que je suis cruel !-Le président français n'a jamais cité mon cas avec le président Tunisien. Rama yade a en fait choqué notre ambassade à Paris en annonçant que ça a été fait. Il ne faut pas croire les ennemis de la Tunisie qu'ils soient Tunisiens ou étrangers.Ces défenseurs de la patrie n'éprouveront aucun remords à vous annoncer un jour qu'une personne s'est suicidée par trois balles à la tête. Un conseil il ne faut jamais les contredire. Pour ceux qui n'arrivent plus à supporter les mensonges, ils ont le droit de garder le silence ou ils peuvent toujours mettre fin à leur vie. le suicide en fait n'est pas punissable en tunisie.
Cependant certains journaux proches du régime incitent indirectement les jeunes à sacrifier leur vie en allant en Iraq et ce en faisant l'apologie de la brave résistance qui tuent les occupants et leurs collabos et c'est en ce moment là que les services de police interviennent et se chargent d'appliquer la loi à ces jeunes et de les envoyer derrière les barreaux pour infraction à la loi anti terrorisme. Les journaux cités n'évoqueront guère leurs cas par la suite ils sont sûrement occupés du dossier des opposants pacifistes qui trahissent la patrie pour les traiter parfois de prostituées et de pervers en toute impunité. Souriez vous êtes en Tunisie.Le problème chez nous est que le régime en place ne reconnaît pas ses crimes il en va de son salut, pense-t-il peut être. Ses défenseurs sont tellement rémunérés pour leurs positions et avides de récompense qu'ils ne lâcheront ce régime qu'une fois entré dans l'histoire. L'opposition est faible.
Alors que faire ? Que faire quand on est agressé ou humilié sans avoir le droit de recourir à la justice ? Quand on perd ses biens sans pouvoir se plaindre ? Quand on voit des femmes voilées humiliées par la police pour les obliger d'enlever le voile ? Quand des femmes plus modernistes sont victimes d'atteintes à leur honneur et tabassées de même dans la rue pour les empêcher de se rendre à une réunion ou d'accéder à une institution pour déposer une plainte ou une requête.Au cours du procès de Soliman; un accusé a évoqué le calife des musulmans -très puissants à l'époque- EL Moatassam (9éme siècle). Il a raconté au tribunal l'histoire de la femme musulmane qui a été maltraitée par un romain et qui pour se défendre a crié "Ouah Moatassamah". Son cri est parvenu au calife qui a envoyé une lettre au roi des romains pour lui dire "chien des romains si tu ne libères pas la femme je t'enverrai une armée dont le front te parviendra alors que son arrière est encore chez moi". En fait dans notre imagination arabo musulmane, le passé glorieux a une place prépondérante. Cet accusé, les salafistes et même les agneaux de l'opposition pacifiste partagent relativement cette même culture et imagination. Chacun a besoin de se cacher derrière une force pour chercher une protection.En 1857 le Bey de Tunisie soit M'hamed Bey promulgua le pacte fondamental ou "le pacte de la quiétude". Quiétude des citoyens et surtout des marchands étrangers.
On se vante aujourd'hui de ce pacte et de la constitution de 1861 qui est la première constitution dans le monde arabe.Malheureusement pour notre orgueil, c'était la pression des consuls européens qui était derrière ces textes qui, il faut le rappeler, n'ont pas été respectés sous Sadok Bey qui a commit des atrocités contre ses sujets révoltés ou soupçonnés de soutenir la révolte de Ben Ghedhahem en1864, qui a mis le pays dans une situation de délabrement du fait de la corruption et qui a fini par accepter la création de la commission financière mixte pour gérer les finances de l'Etat et enfin de signer le pacte de Bardo qui autorisait le protectorat français en contre partie de la préservation de son trône et son transmition à sa progéniture. Quel patriotisme pour un roi qui méprisait ses sujets recourant à la protection des étrangers! Son prédécesseur Ahmed Bey lui même affichait son mépris à ceux qui recourent aux étrangers. En 1839 un notable magistrat à "Ras Jebel" a demandé la protection du consul Britannique. Alors le Bey demanda au cheikh Ibrahim Riahi, personnage religieux très respecté, de lui fournir une "fatwa" prohibant aux musulmans de demander la protection des mécréants. La fatwa est enfin annoncée, très deçevante au Bey "patriote": "Il est permis au musulman de demander la protection des mécréants s'il a peur pour sa vie, ou sa famille, ou ses biens".Il est vrai que je ne suis pas un cheikh ou, malheureusement pour moi, même pas un bon musulman, mais je me permets sans prendre autorisation de quiconque d'annoncer ma fatwa à moi : à tous ceux qui sont terrorisés par les agents du régime, à tous ceux qui croupissent dans les prisons et y souffrent sans jamais avoir droit à un procès équitable, aux femmes humiliées, tabassées et traitées de prostituées, aux enfants de prisonniers politiques ou autres terrifiés par les criminels officiels, votre calife est mort depuis des siècles en orient,alors continuez votre combat pacifique contre l'oppression tout en sachant que vous avez le droit dans l'état actuel des choses de chercher la solidarité au nord et de crier "Ouah Sarkozyah". Il est sûrement occupé à organiser son projet d'union pour la méditerranée mais n'arrêtez pas de crier il y'aura certainement des hommes et des femmes au nord qui vous entendront. N'arrêtez jamais de crier jusqu'au jour où il y'aura des institutions pour vous protéger de la loi de la jungle. C'est fini l'orgueil excessif ça ne nous mènera tôt ou tard qu'a l'extrémisme et à la violence. D'ailleurs qui sait? Peut être qu'après des siècles nos descendants protégeront ceux du nord s'ils en auront besoin. Rassurez vous personne n'est assez bien placé, par rapport au patriotisme, pour vous reprocher la sollicitation de la solidarité humaine internationale.
Le seul homme qui est en droit de le faire est celui qui prouve qu'il peut vous protéger et cet homme n'existe pas encore alors criez fort. Ainsi éventuellement vous vous protégerez, vous protégerez aussi votre pays de ceux qui appellent aux solutions extrêmes, vous confondrez peut être les responsables de cette situation et vous les amènerez à penser. Il arriveront probablement avec un peu d'effort, à le faire et à trouver une solution qui vient de l'intérieur loin de la logique de la force et de l'intimidation et loin de la logique de l'équilibre des forces qui risque de pousser la partie faible au radicalisme dont on peut s' en passer en tunisie.
Mohamed abbou