Bras ouverts et yeux fermés
Halima vient de naître, c’est la fille de mon ami Anis. Aujourd’hui il est trop heureux, j’ai vu les larmes dans yeux, il m’a dis qu’il est devenu responsable d’une famille. Je disais : hier tu n’étais pas, merde. L’être humain doit être engagé de sa naissance même sans famille, sans fille. Je disais encore oublis ses mots et reste soit même avec tes idées, tes convections, tes principes et ta joie, mais non il disait : aujourd’hui j’ai ne peux plus aller plus loin avec toi, avec tes idées rebelles, toi tu cherches l’impossible, tu cherche la liberté, tu cherches la dignité, je ne peux plus t’accompagner. Laisses moi nourrir Halima et sa mère, j’ai peur de tous ceci. Je n’aime pas les cellules et j’aime pas que Halima soit orpheline, je suis venu, te passer tes livres, tes poèmes, les voilà et merci pour tout. Hier ce monsieur avait les mêmes idées que moi, hier il demandait la paix pour les ouvriers, hier il vendait les roses pour les étudiants, hier il parlait si fort, il était un grand parleur. Hier mon ami aujourd’hui tu es encore. Je n’arrive pas à comprendre comment se changent les hommes aux yeux de leurs enfants, aux yeux de l’histoire. Ils ont eu peur de la famine, ils sont malades du prestige, ils sont malades des cravates et des costumes. Hier ces gens portaient des principes nobles, ils portaient des casques d’ouvriers, ils parlaient la liberté, la démocratie, ils parlaient justice. Ils ne sont pas de traîtres, mais ils sont mal formés. Ils n’ont pas aimé la vraie vie. Ils n’ont pas vu des grandes histoires d’amour, ils ne savent pas aimer ni les femmes, ni leurs enfants, alors comment ils peuvent aimer leur pays. Comment ils peuvent aimer les autres, donner aux autres, comment ils peuvent faire justice. Comment mon cher ami va expliquer à sa fille le taux de chômage? La criminalité?, La liberté? Les principes? Les idées? La lutte et l’évolution de la société?. Je ne sais pas qu’est ce qu’il va dire à sa fille quand elle voudra travailler sergente ou faire le bénévolat pour le sondage de la population. J’aimerais voir mon ami à l’age de 55 ans privé de toute dignité, comment il va se sentir? Toute sa vie l’a gâché pour quelques médiocres dinars dans la banque. Je veux vous dire avez vous une raison de vivre? Un rêve? Un projet noble? Je crois que vous allez me dire oui, nous travaillons, nous mangeons, nous baisons et nous attendons la mort, je vous dis que vous êtes déjà morts. Les grands disent que la beauté est la réalité. Alors pourquoi vous vivez sous une pression féroce, avec des masques incroyables, vous les portez chaque matin, devant vos femmes, devant vos enfants et devant l’histoire. Comme si vous étiez comme de passagers à travers ce pays, à travers votre vie et travers vos rêves, laissez moi vous dire que vous n’avez pas vécu. Halima a déjà 15 ans. Elle est belle comme une fleur. Elle est souple à la souplesse de mes rideaux blancs, charmante comme une petite chatte. Halima est fière d’elle-même, de son corps de jaguar, de ses yeux kayak, elle aime la vie. Halima porte des lunettes noires et sombres. A ma jeunesse j’ai n'ai pas vu des filles comme elle, je disais que pense t-elle de moi, le vieux à barbe blanche non encore marié, dans son vieux pantalon noir, avec des lunettes sales à lentilles concaves. Je vois ma jeunesse qui passe devant moi, mes années, mes jours, mes soirées, mes bouteilles du vin et la lune. J’ai eu peur de parler avec-elle, j’ai même dépêché pour qu’elle ne me parle pas. Quelques pas de plus et sa main me touche me rend fragile et froid, elle court devant moi et dit attrapes moi, vas y attrapes, je ferme mes yeux, j’ouvre mes bras et je marche comme un fou du village. Elle rigole, elle rit, elle court, elle danse de devant, je continue à marcher les yeux fermés, elle me touche de mes doigts pour me conduire devant ma porte. J’ai vendu mes cameras, j’ai vendu ma grande maison, j’ai plus des amis, j’ai plus des invités, j’ai plus de femmes, j’ai plus de livres, j’ai plus de plans de coupe, j’ai plus de scénarios, j’ai plus de scènes à monter, ni des films à habiller. Halima est parti sans dire bye bye, je me trouve alors sur mon lit totalement épuisé, fatigué, je suis dans la merde de vieillesse. Halima à déjà 17 ans, elle n’est plus enfant, elle marche comme les femmes avec souliers pointus. Elle porte des robes larges à fente entre les cuisses. J’ai vu Halima porter la plus belle robe soirée au mariage d’un de mes voisins. Elle était ce soir la reine, la plus belle de toutes les filles, son sourire est calme, ces lèvres à faible touche de rouge à lèvres font danser les jeunes autour d’elle. J’ai vu aussi son père ce jour là, il est devenu plus vieux que moi, mais il se tient encore debout. Il m’a dit que Halima veut faire le cinéma. Je disais merde, qui la fait savoir ce monde de fou, c’est toi le malfaiteur, il m’a dit non. Elle a vu tous les films que nous avons fait ensemble, elle ne dort plus, elle veut que j’achète une caméra, la perche et la table de montage, peut tu m’aider à faire rêver ma fille. J’aime pas qu’elle rêve, j’aime qu’elle fait sa vie loin des livres, loin des principes, loin de la liberté, loin de la dignité, loin de moi, sa vie va se gâcher. Attention monsieur, elle doit faire comme son père, elle doit couper si vite, si non elle n’a plus d’avenir. Mon ami me dit, c’est toi qui parle comme ça ou quelqu’un d’autre, alors quoi, tu coupes toi aussi après voir faire nourrir Halima avec tes images, tes plans de coupe, tes scénarios ou quoi. Je veux qu’elle fasse le cinéma, qu’elle découvre ce monde, je veux que ma fille soit réalisatrice.Halima arrive, toute souriante, fragile, charmante, ses yeux sont devenus plus grands, j’ai vu la décision, j’ai vu un regard digne de respect. Je disais : Halima soit prudente avec tes choix, la vie n’est pas des roses, la vie n'est pas des images, la vie n'est pas un plateau de tournage, tu risque de passer toute ta vie à recherche d’un plan de coupe, tu risque ta vie à la recherche des beaux yeux comme les tiennes.Halima disait : maître, je suis prête. maître, je veux terminer le chemin de mon père qui a coupé si vite. Il t’a laissé seul à imaginer tes histoires, mon père n’a pas vécu, moi je veux l’être. J’aime caresser les caméras, les films, mes personnages, j’aime mon plateau, j’aime la fiction. Je veux faire les nécessaires et plus pour que mon film soit le plus simple possible et le plus touchant. J’ai déjà le sujet, l’idée a bien circulé dans ma tête et autre mes yeux. Je voudrais faire un film ni fiction ni documentaire, un film flottant entre la réalité et l’imaginaire, mes personnages sont là, la musique aussi. Je veux que tu sois mon Héros. Le film sera au nom de Barra Hakkeka. Je veux te filmer, je veux que tu me raconte tes histoires, tes voyages, tes femmes, tes amis, tes livres, tes sacrifices et tes aventures. J’aime te découvrir, je veux t’explorer, je veux te gagner, je veux t’ouvrir à tout le monde. Je disais laisses moi partir, mais tu peux commencer à tourner immédiatement. Il faisait 2h de matin, j’ai envie encore de rester seul, j’aime le silence, j’aime la nuit. J’aime mon lit. J’ai beaucoup de chose à écrire, mais les lignes me paraissent longues. Je ne sais pas quoi écrire, alors que j’ai envie de le faire, les mots ne veulent pas sortir de ma gorge. Je suis à la recherche de mon texte, je ne peux pas écrire le simple et beau comme les autres, je suis comme ça. J’aime écrire à ma façon, comme d’habitude hors sujet, et pourquoi? Ma vie était hors sujet, mes études étaient hors sujet, ce monde est hors sujet. J’ai une très bonne idée dans ma tête, j’aime bien écrire un scénario d’un film, je voudrais le nommer SENS INVERSE. Je continue à marcher, je pensais à ces images, alors que Halima tourne un autre monde, elle me cherche, alors que je suis toujours ailleurs. La rue de ‘saline’ commence à se vider de marchants ambulants, les saletés sont partout, les papiers, les pierres, les restes de fruits dominent la petite place. Un petit restaurant encore ouvert, celui qui est juste en face de la place de monnaies. Un homme à l’âge de 55 ans (c’est moi, mon image) à larges épaules, habillé en costume noir, sort du restos et se dirige à droite, il marche vers la rue de saline amenant à Bâb Elkhadra. Brusquement deux hommes, plus jeunes et plus rapides sortent entre les ruelles et se placent derrière Kacem, ils s’approchent très vite de lui, de l’arrière. Ils s’accolent à son dos …et disent : Continue tout droit, marche, ne retourne pas. Il répond en toute confiance, en disant mais Qui vous êtes? Nous sommes l’état, nous sommes la justice, ils parlaient comme s’ils étaient programmés à dire ses phrases, avec un ton si fort, et rythmé, ils continuent le questionnaire: Où est Ammar, il doit être avec toi aujourd’hui, je répondais mais Qui, Ammar, jamais vu. Je voyais Halima, me filmer. Elle se fatigue à chercher un plan en marchant. Elle court devant moi, mes yeux se ferment, j’ai l’habitude de marcher les yeux fermés, j’aime pas voir les faux regards, les mauvais yeux, les bouches bées et mes voisins. Ils disaient le pauvre vient de rentrer, totalement ivre comme d’habitude, ils jetaient les restes de leurs tables devant ma petite maison à chambre unique. Les filles disaient à leurs mères, pourquoi le vieux supporte nos ordures ? Pourquoi, il ne parle pas? De quoi parler? De vos ordures, de vos restes, de vos saletés, de vos livres quoi. Pardonnez-moi, mais j’ai rien à vous dire, quand vous avez déjà perdu vos références, alors que vous cherchez vous-mêmes chez vos voisins(immigration), vous êtes qui vous êtes? Halima continue à danser avec la caméra. Elle me demande de s’arrêter pour parler devant son appareil fixe sur les trépieds, j’ai vu ma tête en grand plan au centre du cadre. Elle voulait me faire un grand plan, peut-être qu’elle voulait lire mon visage, mes regards, lire mes idées à travers mes moustaches et ma barbe blanche. Halima, me dit : Vas-y parle, dis n’importe quoi, parles avec tes lèvres, parle, vas-y… je t’écoute. J’ai plus de force de parler debout. Je m’assois accroupi, je peux plus vous parler debout, j’ai pas le visage de faire ceci, devant le monde tout entier, vous m’avez fais de moi un karakouz. Pour vous parler, j’ai dois avoir l’autorisation de tous les ministères y compris l’autorisation de vos bêtes. Pour vous parler, il faut s’asseoir accroupi, ou totalement à plat ventre, avec un seul œil ouvert. Vous avez fait de moi impuissant de parler et même d’écrire, alors pourquoi vous demandez ceci de moi? J’ai ne plus rien à dire sauf pourquoi vous êtes encore de vie. J’ai vu comment Halima a coupé de tourner. Elle n’a pas voulu filmer ces mots, elle a voulu que je parle du réalisme social. Halima est assise encore devant moi, les mains sur les joues. La camera était arrêté. Ses armes aux yeux. Elle n’a pas pus me filmer. Elle n’a pas aimé le discours. Elle voulait écouter mes voyages, mes histoires d’amour. Alors que chez moi, tous passes par ma tête, et peut être sauf mon corps qui voyage, après avoir que j’ai déjà tous vécus à ma place. Mais, le plus beau, qu’après mon discours, j’ai senti comme si j’étais assis devant mes commissaires, mes yeux pleins du sommeil, alors qu’ils me questionnent pourquoi tu n’as rien à dire? Pourquoi tu connais pas l’histoire de tes relations avec la liberté, la dignité? Pourquoi tu voyages beaucoup? Pourquoi tu marches les yeux fermés? Pourquoi tu ne travailles plus? Pourquoi tu te rappelles de rien? J’ai leur demandais de me laisser dormir, j’ai plus de forces pour parler, pour répondre aux questions si bêtes. Ils m’ont injecté un médicament contre sommeil, j’ai senti comme si du courant électrique se propageait dans tout mon faible corps. Mes yeux s’ouvrent, j’ai senti l’énergie de l’enfance entre mes épaules, dans mes jambes, j’ai demandé alors un verre d’eau. Un verre d’eau glacé avec un petit morceau de lemon était immédiatement commandé par l’un de commissaire. Je disais alors, monsieur, d’où voulez-vous que je commence? L’un m’ordonne de commencer par mon dernier voyage. Je disais, si Halima était à coté de moi, elle doit se préparer pour chercher ses plans de coupes. Mais quand même je voyais la fille bouger sur le plateau, vérifier ses artistes, maquiller ses figurants, chuchoter dans les oreilles d’ingénieur du son, j’ai vu comme si elle embrasse la perche. Elle disait : attention, silence je tourne. J’entre au plateau, ma valise, à la main droite, je faisais la queue comme tous les passagers. Je tenais entre mes dents mon passeport, comme un chien. En voyage, je ne parle pas beaucoup. En voyage j’écoute les histoires des autres, En voyage j’endosse l’expérience. Me voilà alors assis dans ma place sur l’aile droite de cet appareil volante, le moteur en marche, bientôt on décolle. Je n’ai pas encore parlé, j’attends ce moment, j’aime le décollage et j’aime les pigeons. L’avion est à 5000 mètres d’altitude (je suis pas Taliban). Nous avons déjà 30 min de voyage, mon voisin ouvre sa veste et me montre ses papiers. Il me regarde froidement dans les yeux. Il place sa main sur ma cuisse, comme s’il me tranquillisait en disant, cher monsieur, je fais partie de ta liberté, de ta dignité, je serais ton accompagnant dans votre mission de recherche de soi même. Je suis le commissaire qui s’occupe de toi depuis votre naissance. Je serais toujours présent aux réunions, aux dîners, aux soirées, et même entre tes dossiers, ma mission est de tenir pour toi ta plume, alors j’aime que tu te force à être tranquille. Halima, n’a pas aimé la présence sur son plateau de ce commissaire de crotte, elle arrête le tournage, elle s’adressant alors à lui en disant : Écoute bien n’approche plus de mes artistes, laisse les libres de s’exprimer, j’ai besoin de leurs vrais visages, de leurs vrais vie, de leurs vrais sourires, de leurs vrais émotions, ici on fait pas du cinéma, ici on tourne, ici on fabrique des rêves pour tes enfants, écoute moi bien : Ta présence m’énerve, me gêne, me fait perdre la tête, je peux plus travailler, alors quitte moi. Elle demande encore une autre fois aux assistants de tout refaire. J’assois à ma place encore une autre fois, je ferme les yeux, je continue mon voyage. Je voulais changer ma place, mais c’est impossible, mon voisin s’endort et la rêve de liberté me tient, je ne suis plus suivi, je suis libre, je peux rêver pour quelques minutes. J’ai senti comme si je suis l’agent du bord, le plus libre dans cet espace volant. Je marche entre les rangs du salon pour faire servir les voyageurs. Me voilà assis accroupi à une dame de 40 ans, la Dame est trop belle, elle a envie de fumer, je disais alors puis-je allumer pour vous? avec sourire elle me disait : bonne présentation, mais avec plaisir, elle fait sortir une cigarette, l’introduisant entre ses lèvres Fragiles, la faisant tourner puis elle l’a sucée comme un bonbon. J’allume mon briquet et doucement ma main se déplace vers ses lèvres, vers le bout de cigarette restant à l’extérieur, le filtre a totalement disparu dans la salive, j’approche ma main tranquillement, mes yeux fixes entre ses seins, elle a déjà fait éteindre le briquet, en soufflant, son parfum me place en parfait déséquilibre pour tomber entre ses jambes, c’est là où je voulais continuer mon voyage. Deux jambes en marbres me tiennent pour que ma tête tombe sur ses cuisses. Là j’ai fermé mes yeux, ses mains me caressaient comme si j’étais son bébé. L’éclairage est trop forte, la lumière me fait mal aux yeux j’ai demandé d’arrêter le tournage. Halima, se met à pleurer, comme si elle disait : Je veux encore tourner, la scène est la mienne, je me sens là dedans, elle se met à genoux et peut-être, elle a senti la jalousie de la femme aux jambes en marbre. Halima n’a jamais voyagé, elle ne savait pas que la femme est aussi un commissaire. Elle se met debout pour dire aux techniciens que le tournage est fini. Elle pleurait comme une gamine, son film est mal conçu, ses artistes sont mal choisis. Les deux commissaires en face de moi n’ont rien compris, ni le début, ni la fin, ni madame le commissaire d’où vient-elle. Il n’on pas compris qu’un artiste est assis devant eux. Ils demandaient que je dois tout répéter tout en illuminant les détails. Je disais : je ne peux pas tout recompter sans dire le moindre détail, sans s’arrêter à toutes les stations de mon voyage, je vous parle de ma vie, de ma femme, de mon cœur, de mes forets, de mes jardins et même de mon lit. Ils m’on fait une autre injection contre sommeil, cette fois ci, eux aussi ils sont fatigués, ils ne peuvent plus suivre l’histoire de mon voyage, Ils me demandent de nommer les gens, ceux qui m'ont invité, je disais: Mais oui, laissez moi vous dire comment j’ai terminé mon voyage. Halima n’a plus de force de tourner, n’a plus les forces de réorganiser son décor, ni de chercher ses plans de coupes, la voilà assise à coté de moi pour écouter mon procès. Mon procès ne doit pas être filmé, mais plutôt gravé sur les murs de nos villes et nos villages, un film n’est que quelques plans de l’histoire, la camera ne peut pas capter mes pensés, mes idées et mes rêves, Halima voudrait tourner la liberté. Halima veut tourner la dignité, c’est bien beau sa volonté, mais comment le faire aujourd’hui. Le voilà a mon coté pour m’écouter devant mes commissaires. Je ferme mes yeux, mes lèvres commencent la dicté, le commissaire rédacteur n’arrive pas à me suivre, je lui demande d’écrire et décrire mes lèvres, mes yeux, ma poitrine, mes mains, et surtout les yeux d’Halima, comment ils réagissent aux mots, aux idées, je voudrais avoir un témoin digne d’y vivre, alors me voilà je me dévoile : Né depuis l’éternité, entre les arbres fruitiers, sur les montagnes, aux champs de blé. Entre les agriculteurs et les ouvriers, aux lèvres des enfants et sur les toits de mon pays. Moi je suis la liberté elle-même, je suis la dignité aussi, j’ai lu tout ceci dans les livres de mon grand-père. J’ai écouté tous ceci dans les histoires de ma mère, aux nuits d’hivers, aux champs des oliviers. J’ai appris la liberté sur les branches d’arbres, avec les oiseaux en pleine forêt. La dignité était ma première leçon de la vie sur cette plage. J’ai vu la dignité sur les vagues de la mer se déplacer, pour s’aplatir à mes pieds. J’ai vu la dignité chez les pierres de notre maison. Ces pierres ne sont jamais tombées à cause des pluies, d’orages et du vent. Elles sont toujours là, à leurs places comme mon grand-père les a placées, il y a plus de cent ans. Vous monsieur, vous faites procès pour la dignité et la liberté, dites-moi donc que voulez-vous de moi, je suis né libre et digne, je suis comme ça. Je suis contre la loi? Est-ce que la loi m’interdise d’être digne? Pourquoi vous voulez que tout le monde soit à vos ordres? Pourquoi voulez-vous faire de moi un homme sans espoir, sans rêves? Est-que vous n’avez rien à faire sauf s’occuper de moi? S’occuper de mes écritures? Pourquoi, je dois tous vous dire? Je ne suis pas venu ici pour demander votre subvention, je ne filme plus, mais écrire, je ne peux pas m’arrêter. Laissez-moi partir, j’ai envie de dormir, Halima, n’a plus de force pour vous écouter. Les deux commissaires dormaient, ils n’ont plus de forces même pour me donner mes papier, je suis sure qu’ils ont mal de leurs mission impossible. Médiocre procès, minables commissaires, mauvaise écriture. Halima, n’a rien compris, ses yeux sont pleins de sommeil, elle n’a pas cru ses yeux comment elle sera bientôt suivie, invité, mal traité par des commissaires d’état, qui veulent tout savoir même les plans de coupes. Je disais à Halima, tu peux inviter ses gens là pour filmer, tourner le cinéma qui leur convient. Moi non, je peux pas écrire pour eux, je peux pas lire pour eux, je peux pas filmer pour eux. Toi Halima, tu dois choisir entre les deux camps, si tu veux filmer alors vas dans leur camp, si tu veux mourir sans monter, sans plaisir d’habiller ton film, sans nourrir ton bébé, prends ta place à coté de moi. Ne me filmes plus, tu risque ta vie, tes rêves, ta raison de vivre. Écoutes moi Halima, chez nous l’être humain n’est pas considéré comme citoyen, il est plutôt un animal domestique et parfois sauvage. Chez nous ma petite, l’être humain est tué. Alors tu peux changer tes sujets de tes films vers les animaux, vers les forêts, vers les dunes de sable. Ne cherche plus à comprendre, pourquoi ceci, pourquoi cela. Avec leurs télévisions, leur cinéma, leurs films et leurs journaux ont fait perdre ce peuple ses points de références nobles, comme ça ce peuple ne sais plus quoi faire, quoi choisir. Chez nous, l’être humain nécessite toute une procédure de renaissance. Halima marche a coté de moi, sans parler, sans faire des commentaires, je savais qu’elle pense si loin de moi, je savais qu’elle m’écoute pas, Halima a décidé de s’écouter. Je me suis arrêté de marcher. Je ne peux plus, alors qu’Halima continuait à marcher en avant. En face d’elle m’apparaît un nouveau sujet, un nouveau homme, une nouvelle histoire. Elle n’a même pas retourné pour dire à bientôt. Je veux qu’elle marche, je vais qu’elle continue, je ne suis plus son héros, je ne suis plus son personnage préféré. J’ai fermé mes yeux donc, ma dernière image était ces longs cheveux avec qui le vent jouait, les basculait à gauche et à droite. J’ai imaginé alors le prochain héros d’Halima. Il faisait froid à Tunis ville, Halima à déjà quitté la petite ville de Sud, pour s’installer définitivement à la capitale, je voyais comment elle traversait le grand avenue, pour entrer à l’hôtel Africa. Je savais pas pourquoi, mais je suis absolument sure qu’elle cherchait le héros…..qu’elle cherchait à parler avec son héros, qu’elle suivait son sujet. Halima était et reste avec une extrême patience dans sa recherche. La réception de l’hôtel est tout en vitre, je voyais la réalisatrice assise en face d’un jeune homme à son âge. Halima a déjà 25 ans. Totalement libre de l’autorité parentale, je ne crois même pas que son père pouvait dicter quoique ce soit. La fille avait une telle confiance en soi-même que je ne peux plus vous le décrire. C’est vue de la façon comment elle marchait doucement, c’est vue de la façon comment elle s’assoyait en face d’un homme, la confiance dont je vous parle dépasse mon imagination. Dos parfaitement droit, poitrine parfaitement gonflée, cou dressé, lèvres presque immobiles quand elle parlait. Sa jupe en plis, blanc, parfaitement propre, parfaitement dressé que vous ne pouvez plus le distinguer d’un miroir en rais. Le héros est assis devant cette magnifique créature la bouche bée. J’ai vu comment il tremblait, comment il cherchait l’allumette dans tous ses poches, un sueur épouvantable qui coule partout, sur sa poitrine, sur son dos. Ses yeux jouant partout dans la salle, il cherchait à fixer ses idées. Il ne se trouve pas nulle part, à sa place je quitte ma place. Je laisse ce monstre me chercher partout. Il se tient encore et encore, Halima n’est ici pour le-séduire je crois. Le voilà qu’il bouge ses lèvres en disant j’ai ne rien compris de qui tu parles mademoiselle, je suis pas héros, je suis un simple gars qui cherche à travailler au gouvernement, je veux la tranquillité, le silence, je cherche rien moi sauf tes yeux si tu m’accepte. En versant de l’eau dans le verre d’Halima il fait tomber le sien. Le héros d’Halima est totalement en désaccord. Il sait même pas servir une femme, Halima savait les trucs des tables, des restaurants et des grands dames. Je vois bien qu’Halima ait déjà décidé que ce monsieur ne peut pas être son héros. Elle se met debout, juste devant ses yeux, on lui donnant dans la main une papier mouchoir. Le jeune se tranquillise juste à la sortie de la plus belle-fille de Tunis. A vrais dire ce monsieur n’est pas être Héros, Le héros comment vous le savez déjà, doit être acceptable physiquement, je voyais pas des grands yeux, des vrais regards, je voyais pas une large poitrine, ni un grand visage, le caméra doit détecter les mouvement des lèvres, des sourcils et pourquoi s’il faut le battement de son cœur, ce monsieur à l’air poli, mais il n’admet pas une large poitrine là ou Halima peut s’atterrir. A sa place je ne prendrais jamais ce type pour Héros. Je ne crois plus dans l’existence de ce héros là à Tunis ville. Je disais même que Halima n’a plus le goût de balayer la ville chaque jour à la recherche de quelqu’un qui peut jouer le rôle d’un grand homme de politique. Le héros d’Halima doit changer le monde pour vous. Il doit mener deux révolutions successives. Une révolution culturelle, ainsi qu’une révolution économique. Je commence à douter dans toutes les démarches de cette jeune fille. J’ai posé le question à moi même 1000 fois, pourquoi ne pas choisir une femme comme héros. Une femme aussi peut faire l’affaire, ainsi elle peut mener deux révolutions, il suffit de modifier le texte du scénario. Halima a beaucoup cherché mais elle n’a pas remarqué qu’uniquement elle-même peut nous conduire là où il faut avec une seule révolution. Ici j'ai demandé, mais pourquoi le scénariste veut deux révolutions, en même temps. Nous on peut pas supporter deux révolutions en même temps, je crois que ce monsieur va trop vite. Nous n’avons pas pu supporter une politique, alors comment y faire avec deux chocs. Ah le voilà avec un autre Héros, ils traversent l’avenue pour entrer au café Tunis Club. Cette fois ci je prendrais une place juste à leurs coté, je veux voir ce monsieur de prés. Le serveur se penche vers elle, alors que le nouveau héros bouge ses fesses sur sa chaise en fer. Il tient le dos totalement droit en croisant ses jambes sortantes de dessous de la table, le monsieur ne peut pas se tenir en face d’Halima. Je vois que ce monsieur est très impoli, de plus il se croit trop confiant en lui même. Halima commence le sujet avec une large sourire, en faisant attirer ses sourcils en hauts et bougeant ses épaules en arrière. Halima lui demande : Tu es bien dans ta peau toi? Tu es à l'aise? L’héros répond : Oui, je suis parfaitement tranquille. Halima lui demande : Mais tourne-toi pour être en face de mes yeux je veux voir les tiens, tes regards, je veux lire sur tes lèvres les mots. Concentre-toi avec moi, je veux te connaître, tu seras peut être mon Héros dans mon film.Non, Non je suis toujours avec vous mlle, je m’excuse de ne pas assieds correctement, j’ai peur de tes yeux si brillantes, s’il te plait ne me fixe pas comme ça, tu peut demander tous ce que tu veux, mais je veux te dire une chose, je suis ton Héros. Halima, lui répond : Un héros timide c’est pas ehmmmmmmmmmmm, mais continus parles, je veux t’écouter …parles, oui j’aime écouter tes histoires, tes aventures. Il se met débout (1.85m), un homme plein de 200 livres ou plus, il tourne la chaise avec une telle rapidité et une telle vigilance, sans aucun bruit, comme si rien ne s’est passé, il croise ses bras sur la table, le dos de la chaise est dans son ventre. Il dit : Moi je suis artiste de naissance, mais je n’ai pas eu ma chance, je savais pas qu’il y a un monde si vaste et si puissant, c’est ma copine qui m’a parlé du cinéma…, Halima lui demande comment est-elle? Est-elle belle? Il ferme ses yeux et dit : absolument belle, absolument charmante, absolument gentille, je disais, elle fait tourner la terre, c’est elle qui fait danser tous les jeunes de l’école. J’aime cette fille plus que le cinéma. Halima dis : Si je te demande de me faire le Chameau immédiatement ici, juste au café, fait ceci pour elle. Il se met débout en plein café, il applaudit deux, fois, que tous le monde se retourne pour lui, Il commence a faire tendre son cou, tellement loin de ses épaules en mâchant ses mâchoires à gauche et à droite, que tous le monde se met débout, ainsi il écarte ses jambes et se penche en avent et commence à reculer en arriére..a vrai dire je voyais un chameau, pas un être Humain. Halima prend quelques notes, elle se met débout comme tout le monde et commence à applaudir. Je disais le voilà, le vrais héros. Halima n'est pas encore satisfaite, elle lui demande de faire le Coq. Il inspire trop fortement et demande une blouse du garçon, on voyait alors une blouse rouge qui se jette du fond du salon pour qu’il l’attrape comme ci il jouait au Volet-Ball. Il met la blouse se penche, croise ses bras en arrière du dos, rassemble ses lèvres pour former le Bec du Cop et commence a sauter dans la salle en criant Coooooooooooq Coooooooq Coqq Coqqqq Coooooqqqqqqqqq, tous le monde s’assoit devant cette créature d’Halima. Halima n’a pas bougé, n’a rien dis, le chef du rang arrive au centre du salon et dit : Il te reste encore un test à passer, Halima les bras croisés : Quoi donc. Le chef du rang dit : je veux qu’il danse en demandant avec sa main droite à son garçon de faire fonctionner la musique. Une chanson de Kazem essaher : Ye sakina Hayinna….L’héros commence à danser, je croyais que c’est une femme, et avec une geste rapide invite Halima, la belle est au centre du Café pour danser avec son Héros, tout le monde autour commencent à applaudir la danse et chantant la chanson d’amour….c’étais beau vraiment ..nous avons des Héros, reste uniquement à les découvrir. J’ai vu alors Halima sortait du café, en basculant sa tête à gauche et à droite, elle est fière d’elle-même. Je crois qu’elle à besoin un peu de repos après ce fameux casting. Notre héros est encore debout au centre du salon, il balaye avec ses grands yeux tous les coins du café, mais ses regards ont perdu la gazelle, qui la fait naître en lui- même une grande estime. Il sort du café en courant à la recherche de la réalisatrice. Elle n’a pas laissé ni son adresse, ni son téléphone. Le monsieur s’arrête en plein rue, comme ci il est devenu fou. Les voitures s’arrêtent pour klaxonner derrière lui. Il frotte ses mains, puis ils les ouvrent largement pour crier : je suis L’héros, je suis l’Héros…j’ai trouvé moi-même, je trouvé moi même…..Merci Isis….merci Halima…. Une réalisatrice folle peut-elle changer ce monde? Ce centre ville en studio de casting. J’ai quitté le café comme si ne j’avais rien vu. La rue est pleine du monde. Les couleurs sont très agréables, il y a le rouge, le jaune et peu de blanc. J’ai constaté qu’il y a beaucoup de gens portaient le noir. Les jeunes sont trop nombreux, les filles sont tellement belles. Ils marchaient tranquillement comme si le temps n’existait pas pour eux, les jeunes garçons draguent les jeunes filles avec des mots inconnus pour moi, les jeunes ont eu leur propre langage. J’ai compris que je suis ainsi dépassé par les évènements. Ils parlent déjà une autre langue, ils marchent autrement, ils aiment autrement, j’ai plus de place entre eux. Ce monde là est totalement désorienté. Je continue à marcher vers la gare du Nord, évidemment sans but prédéfini à l’avance.Je ne prendrais pas le train de 18h, la vie est aussi belle à Tunis ville. À la gare et juste à la grande place des voyageurs, j’ai vu Halima.Je disais, il faut ne pas s’approcher d’elle, elle est en train de chercher, mais non, de chasser un visage, un personnage, soit un héros. Halima est à la pêche. Moi je serais pour elle l’apprenti d’excellence.Des gens, des femmes qui entrent, qui sortent, des garçons des filles, des enfants comme ci c’est la fête. Halima est trop chanceuse d’avoir tous ces visages devant elle. Ces yeux, ces regards présentent pour elle le plus vaste champs de recherche. Cette forêt d’hommes et de femmes ne me dis rien, tous simplement je vois rien sauf leurs masques. Y-a t-il parmi tous ces gens là quelqu’un qui peut jouer un rôle : un homme à la gabarie de Gandhi. Je ne crois pas, mais nous avons entre nos yeux une grande réalisatrice. Le voilà qui s’infiltre entre les hommes pour faire sortir, arracher un homme de sa femme, il a 40 ans ou presque. Ils marchaient vers le petit jardin en face de la gare. Sa femme s’arrête de marcher, elle croise ses bras sur la première marche des escaliers de la gare. Je vois bien qu’elle n’a pas accepté la situation, elle est même jalouse, mais je vois aussi qu’elle est impuissante devant ce monstre. Halima a le droit d’arracher les hommes de leurs femmes et les femmes de leurs maris. L’art, le cinéma ne fait pas de compromis. Halima et ce monsieur, que je vois engagé politiquement s’assoient tranquillement sur un banc en bois. Laissez moi vous dire, pourquoi j’ai compris que ce monsieur est politiquement engagé. Ce monsieur porte un costume vert foncé, en plus il est barbiche. A vrais dire il porte les contradictions sociales et politiques en même temps, je vois qu’il va tout mélanger dans la tête d’Halima. Me voilà alors pour vous imaginer l’histoire de second héros d’Halima. Vous pouvez donc allumer une cigarette, j’aime que vous disposer un peu du temps pour ne pas avoir mal à la tête. Moi j’ai déjà allumé. Ce monsieur à barbiche semi-blanc né au Sud dans les années soixante, il a la peau au couleur du blé( c’est moi encore une autre fois). Sa femme qui est entré dans la sienne est totalement nouvelle dans sa vie, c’est pourquoi, qu’il n’a pas hésité d’aller avec Halima pour la moindre invitation. Ce monsieur était marié ...(A suivre)
Kacem