04‏/09‏/2008

Le pélerinage du sage 2/4


La prochaine étape de la Tunisie....

Tiens toi bien, tout ira bien Hakim, Kacem est là pour écrire les belles pages de notre histoire, ton histoire est la première, j’explorerais le fond de ton imagination. Je ne laisserais rien s’échapper sauf si je n’ai pas envie de l’écrire ou la décrire.

Hakim n’a rien compris après avoir relu tous les livres, sa mémoire est tellement vaste, qu’il voit que la Tunisie est trop petite pour lui et que tout un peuple est faux. Rien ne plait à Hakim, ni sa mère, ni son père, ni les plages, ni les arbres, ni les forêts ni même ses ancêtres. Il se trouve loin du peuple, de lui-même et même de ses propres lectures. Perdu, sans but, sans objectif et sans espoir.

La philo, qui se tient dans sa tête ne peut avoir de sens que si elle était fondée sur un Etat déjà islamique. Ici, il se trouve en contradiction directe avec ses ancêtres et ses notions de L’Islam Révolutionnaire.
Je change de Plateau et je m’en vais vers mon but.

L’islam révolutionnaire tunisien est né avant que Hakim comprenne la logique primaire, c’est dans cette ville là, La Mahdia à partir de laquelle les Fatimides avaient pu fonder le Caire et l’Azhar contemporain. Hakim décide de commencer ses recherches à partir d’ici.

Attention je tourne, je change de plateau.

Au bord de la plage de Mahdia et juste en face du grand cimetière marin, donc entre les morts et les inertes, Hakim décide d’aller chercher la sagesse de l’orient. Et comme tous les pèlerins, il commence à se préparer afin de suivre la même route saharienne prise par Okba Ibnou Nafaa.

Un voyage, qui prendra des mois et même des années, il part à la cherche du savoir, du vrai sens de l’Islam et de la révolution. Comme tous les musulmans, il s’habille d’un tissu blanc sans le moindre point de couture, on parle de l’Ihram. Pieds nus, barbe courte, crâne rasé, il me rappelle les moines du nord de la chine : les chamanes de la religion bouddhiste.

Il descend la petite montagne pour se diriger directement vers le sud-ouest, sans prononcer le moindre mot, sans le moindre salut, sans la moindre hésitation, il continue à avancer à pas bien lourds mais bien résolus. Ce voyage à pieds est interminable et assez douloureux, sans arme, sans cartes, sans compagnon et sans amis. Je le voie prier chaque matin, chaque soir et chaque petite traversée. Il écrit quelques lignes et quelques phrases en passant de ville en ville. Dans ce monde, la nourriture et l’eau sont fournies bénévolement par des villageois. Quelques fois, je le voix courir et quelques fois je le voix dormir au pied d’un arbre. Il n’ pas encore quitté la Tunisie, les frontières sont aussi loin que ses pensées et ses rêves.

Le prochain village est la petite république de kacem ; il décide de la contourner, il ne peut pas la traverser, je ne sais pas pourquoi, mais je peux constater que la peur commence à envahir son cœur. Deux jours de marche perdus afin de contourner les vastes territoires de mon enfance. Hakim, continue son chemin sans prendre conscience de son entourage, ici j’ai compris qu’il manque d’expérience et j’ai peur de le laisser partir seul. Hakim refuse le dynamisme du monde et de la joie. Tout est spirituel chez lui, la nourriture, l’eau et même les animaux.

De loin, j’ai demandé à Ghoulem, l’âne sans Queue, de se préparer aussi pour ce voyage, il faut secourir Hakim. Un âne sagace qui s’est équipé lui-même du nécessaire et qui court déjà au secours de Hakim, il n’a même pas oublié de se peindre en vert pour lui faire plaisir. De loin, je voix comment Ghoulem court derrière Hakim, qui commence à s’égarer de mon champ visuel.

J’escalade vite la montagne pour assister à la scène, voilà Hakim qui s’installe sur le dos de Ghoulem. Je ferme mes yeux et je dis : Quelque soient les conditions, je ne les laisserai jamais traverser seuls ces vastes étendues de sable. Kais, déjà débout, à mes pieds, me demande la permission de suivre la caravane : Kais savait aussi que Ghoulem peut se perdre. Quand je lui caresse le dos, il comprend que c’est un ordre de son chef, il part comme un éclair derrière eux, je suis resté trop loin derrière la caravane, mais je veux encore vous décrire la scène de l’accueil de Kaïs.

Quand j’ai écouté les cris de Kais, chaque coup est senti sur ma peau et déchire mon cœur et ma patience d’y aller au secours de mon chien et de mon âne, qui sont partis seuls, mais je suis resté cloué à ma place entre mes larmes et mes souffrances, j’ai demandé à Kais de ne jamais attaquer Hakim quelque soient ses réactions et quelque soient ses convictions. Les chiens, d’après Hakim, sont sales, mais tu dois les secourir. Kais continue à marcher derrière eux, même blessé, ne laisse pas tomber Ghoulem. Il faut être à la hauteur de ta noble mission : le savoir et la sagesse de Hakim. Kais, continue ton chemin avec eux, garde tes distances et vas jusqu’à la fin...

La caravane de Hakim est presque arrivée aux frontières, ils doivent « brûler » demain de bonne heure. Moi, je reste sur place et je ne vais pas avec eux ; je reste dans le pays du Jasmin, je n’ai besoin ni de la sagesse, ni du savoir. Je n’ai pas quitté ma place qu’après avoir compris qu’ils ont bien traversé, tous les trois, les frontières et les champs de mines.
Un autre kacem vous décrira le déroulement de ce voyage mystique. Ils sont en plein Sahara libyen, il fait chaud, terriblement vert ; Hakim découvre ainsi le livre vert, le prend entre ses mains et commence à lire ses histoires. D’un oasis à l’autre, d’un livre à l’autre ils continuent leurs quêtes de savoir. Ils prient tous les trois, Kais a déjà une barbe, Ghoulem récite pas mal du Coran. Ils sont tous devenus des révolutionnaires. Hakim a gagé le pari.

Il devient aussi confiant en lui-même et fort, il commence à réfléchir comment faire de ces animaux, une vraie armée. Les dents de Kais, la force de Ghoulem et la tête de Hakim sont les principaux facteurs de puissance de n’importe quel gouvernement. Ici, Hakim commence à voir les choses autrement, il décide de monter une armée et pourquoi pas gouverner le Sahara. Quand on est armé on devient sûrement plus fort, il décida d’aller attaquer les villages noirs et par la suite faire propager sa philosophie, jusqu’à Karbala, et deviendra ensuite Ayatou-Allah Hakim.
Déjà, il est séduit par cette idée de Ayatou- Allah. Kais et Ghoulem n’ont rien compris, leur chef suprême est devenu le roi du sahara. A partir d’une caravane, Hakim arrive à monter un gouvernement islamiste révolutionnaire mobile, sans frontières ni limites, pour le moment il ne revendique pas de territoires. Le prochain oasis sera la capitale, le voilà, ils y entrent.

Hakim descend du dos de Ghoulem, appelle Kais et commence à lire Sourat El Fatiha. Nous sommes arrivés, aujourd’hui, le 16 juin 2000 en notre capitale verte, Nawaat. Cet oasis est notre première base militaire, demain à l’aube, nous allons chercher des citoyens. Notre république islamique aura comme objectif la propagation de la culture arabo-musulmane sur tout le globe terrestre, la libération de la Palestine et de Karbala. Pour le moment et puisque nous somme encore faibles, nous ne revendiquerons pas, ni de territoires, ni d’espaces. Nous jouons les grands jeux, uniquement après avoir récupéré des soldats.
Après avoir terminé son discours relatif à la composition de son gouvernement, Hakim grimpe sur un palmier pour appeler les citoyens et les animaux à la prière : Allahou Akabar........Kad Kaamat Essalat. Sauf Kais et Ghoulem sont derrière lui, ils suivent ses mouvements à la lettre.
A Suivre ...
Kacem 16-07-2004

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